JACQUES VACHÉ

1895-1919

Mort de Patrice Alain
Patrice Allain est décédé le mercredi 6 novembre. En cette année du centenaire du Manifeste du surréalisme, l’histoire des avant-gardes perd un de ses acteurs majeurs. Les hylariens lui doivent énormément : il a édité de nombreux documents de la période des Sârs, coédité l’intégrale des lettres de guerre de Vaché chez Gallimard. C’était, entre autres, le spécialiste des liens entre Nantes et le surréalisme. Ses travaux sur Vaché – auquel il a consacré son mémoire de maîtrise dès 1985 – et le groupe de Nantes sont nombreux et incontournables. Sa thèse de doctorat, soutenue en 1997 à l’université de Nantes, portait sur le deuxième Jacques surréaliste de la cité des ducs, le poète et aventurier Jacques Viot. En 1994, il avait réalisé une incroyable exposition « Le rêve d’une ville. Nantes et le surréalisme » dont le catalogue demeure une référence absolue et une mine inépuisable. Plusieurs autres expositions ont suivi, au fil de ses découvertes et de l’avancée de ses travaux sur ces différentes figures de l’avant-garde toutes liées à Nantes : « Ces rêveurs définitifs » (Musée des Beaux-Arts de Nantes, 2004), « En route mauvaise troupe » (Bibliothèque municipale de Nantes, 2009), « Aux origines du surréalisme » (Château des Ducs de Bretagne, 2017). Il avait joué un rôle central dans la redécouverte de Claude Cahun, ou encore co-édité la correspondance entre Michel Leiris et Jacques Baron, le troisième Jacques de Nantes auquel il aura consacré plusieurs travaux dont un numéro de la Nouvelle Revue Nantaise. Plus récemment, il travaillait notamment sur le groupe autour des frères Prévert et notamment l’acteur, dessinateur et écrivain Fabien Loris. L’histoire des avant-gardes du XXe siècle perd l’un de ses hérauts, Nantes un de ses enfants rebelles, et le Harry James Club son membre le plus important.

Adieu Patrice.
Thomas Guillemin, 8 novembre 2024
En 1949, André Breton évoque Jacques Vaché comme l’homme qu’il a « le plus aimé au monde ».

Celui dont parle le fondateur du surréalisme est pourtant mort depuis trente ans. Vaché était né le 7 septembre 1895 à Lorient, d’un père d’ascendance anglaise et militaire de carrière. Le petit Jacques passe ainsi une partie de son enfance en Indochine. Revenu en métropole au milieu de la décennie 1900, il poursuit sa scolarité au sein de l’Institution Saint-Louis de Lorient. En 1910, son père est affecté au Sénégal : Jacques est alors envoyé chez ses oncle et tante Guibal à Nantes.

D'abord élève de l'Externat des Enfants nantais, Vaché en est exclu en mars 1911. Il intègre alors le Grand Lycée, actuel lycée Clemenceau.

Il y rencontre Jean Bellemère (qui a déjà adopté le pseudonyme de Jean Sarment) Pierre Bisserié (avec lequel il a peut-être déjà sympathisé au cours de l'École des Beaux-Arts auxquels ils sont tous les deux inscrits à la rentrée scolaire 1910-1911), Eugène Hublet et quelques autres. Ils forment rapidement une confrérie potachique : les Sârs.
Mobirise

Pierre Bisserié

1896-1930
Collection particulière

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Jean Bellemère

1897-1978
Dit Jean Sarment

Collection particulière

Mobirise

Jacques Vaché

1895-1919

Collection particulière

Épris de poésie, de littérature et de théâtre, tous écrivent. Début 1913, Sarment devient même correspondant nantais de la revue Comœdia illustrée. Bisserié et Vaché pratiquent également le dessin. Ensemble, les Sârs effraient la bourgeoisie nantaise, de la place Graslin au Jardin des Plantes en passant par le passage Pommeraye. Ils conçoivent une hiérarchie sociale inversée dominée par les Sârs et les Mîmes, ainsi que le raconte Jean Sarment :

Ils ont leurs conventions, leur code, leurs accommodements personnels avec la langue française. Leur sens des valeurs et des hiérarchies. Ainsi, ils ont établi un classement social. En haut, les « Mîmes ». Pourquoi ? Le mot leur plaît. Il évoque la « mystique grandeur du silence qui s’exprime », comme l’a définie Jacques Bouvier [alias Vaché]. Au-dessous des « Mîmes », les « Sârs », hommage à Péladan, aux ésotériques « Rose Croix », à tout ce qu’on voudra, qu’ils ne cherchent pas à préciser. Au-dessous : les hommes (homo vulgaris).

Au-dessous des hommes, les sous-hommes, au-dessous des sous-hommes, les « 
surhommes » ; plus en bas, en descendant l’échelle, le sous-off, et, au dernier échelon,

enfoncés dans la honte et l’ignominie – autre idée délicate de Bouvier – les « générals ». On ne daigne pas utiliser le pluriel convenu. Un général, des générals. […] Seul Bouvier s’obstine à demander si l’on ne pourrait pas trouver pour son père colonel une désignation – au-dessous de général – qui ferait de ce petit homme nerveux, autoritaire, très décoré et très vieilli, et très las sans doute, quelque chose comme un « intouchable ».

Jean Sarment, Cavalcadour, 1977.


Sarment évoque également ces années de jeunesse dans son premier roman, Jean-Jacques de Nantes :

Dans le groupe, Vaché est le dandy anglomane inspiré par Wilde ; peut-être lit-il déjà Alfred Jarry. Début 1913, les Sârs fondent une première revue intitulée En route mauvaise troupe ! , titre inspiré d’un vers de Verlaine. Dans cette revue à laquelle Vaché donne deux poèmes, paraît un article de Pierre Riveau inspiré par Kropotkine et intitulé « L’anarchie », qui déclenche une affaire au sein du lycée : bataille entre Saint-Cyriens et philosophes, reprises et controverses au sein de la presse nantaise et nationale, exclusion de Riveau et Sarment, destruction des exemplaires de la revue.

Première page de la revue des Sârs En route mauvaise troupe ! (février 1913)

Bibliothèque Municipale de Nantes, ms 3461

« Estompé et tranquille... », poème en prose de Vaché publié dans En route mauvaise troupe !

Bibliothèque Municipale de Nantes, ms 3569

«Comme à Chaptal » articulet sur l'affaire du lycée de Nantes, paru en une de L'écho de Paris le 1er février 1913

Lire sur Gallica

Les Sârs n’abandonnent cependant pas leurs aspirations littéraires : ils fondent une seconde revue baptisée Le canard sauvage, qui connaît quatre numéros entre la fin 1913 et la mi-1914. Vaché y contribue avec des poèmes, Gilles – un conte de satire sociale, et une régulière chronique de lectures où il recense notamment Voyage au pays de la quatrième dimension de Gaston de Pawlowski.

Le Canard sauvage, seconde revue des Sârs.

Collection particulière

Gilles, manuscrit du conte publié par Vaché dans le quatrième et dernier n° du Canard sauvage


Lire le texte intégral dans le recueil de nouvelles Les Solennels écrits à quatre mains par Sarment et Vaché (à l'exception de Gilles dû à Vaché seul)
Bibliothèque municipale de Nantes, ms 3445/15

Les jeunes poètes expérimentent enfin une écriture collective, dont quelques rares manuscrits ont été conservés par Jean Sarment. Dans Cavalcadour, ce dernier raconte une séance au cours de laquelle les Sârs s'adonnent à cette « poésie unanime » :

Chacun ajoutera un vers ; ou deux, si le coup de l’inspiration l’exige.

HARBONNE [alias Hublet] – J’avais un cœur, j’avais une âme

BOUVIER [alias Vaché] – Écoutez mon épithalame.

HARBONNE – Mon âme s’en est allée […] parmi les vents alizées

PATRICE [alias Sarment] – J’ai cherché mon âme partout

BOUVIER – où m’ont mené les bateaux mouches…

BILLENJEU [alias Bisserié] - Chez les 

Esquimaux et les Kalmouks.

PATRICE – Dans mon habit à bouton d’or.

BILLENJEU – Je suis allé au pôle rose

BOUVIER – le pôle rose du Pôle Nord

HARBONNE – J’ai bu la rosée du miroir des soirs…

BOUVIER – Et puis l’encens de l’encensoir…

Et cela se prolonge, ad libitum, jusqu’à ce qu’on ait envie de passer à autre chose.

Jean Sarment, Cavalcadour, 1977.

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Âgés d’environ vingt ans lors de la déclaration de guerre en août 1914, les Sârs sont séparés par le conflit mondial. Réformé, Sarment est le seul à être écarté des combats : il entame ainsi sa carrière théâtrale en 1915, à Paris. Bisserié, Hublet et Vaché sont appelés sous les drapeaux : le second n’en reviendra pas, mortellement touché par un éclat d’obus le 27 octobre 1916. Étudiant en médecine en 1914, Bisserié est infirmier militaire durant le conflit et devient, après l’armistice, un médecin doublé d’un morphinomane : il meurt dans des circonstances troubles en 1930.










Jean Sarment, Pierre Bisserié et Jacques Vaché
Bibliothèque municipale de Nantes, ms 3448/10

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Mobilisé en décembre 1914, Vaché fait ses classes à Brest jusqu’au début de l’été 1915 : il est hospitalisé plusieurs mois pour une maladie vénérienne et placé en quarantaine sur une île de la rade. Il arrive au front en juin 1915, dans le secteur d’Albert dans la Somme, au sein du 64e régiment d’infanterie. Dès cette période, l’anglomane Vaché espère devenir interprète auprès des troupes britanniques. Il l’est quelques semaines lors de la relève de son bataillon mais rejoint son affectation initiale comme grenadier. Après son hospitalisation entre fin 1915-début 1916, il rejoint le front comme interprète, fonction qu’il occupe jusqu’au printemps 1918. 

Jacques Vaché interprète, à Nantes

Collection particulière

Jacques Vaché interprète, à Nantes 

(juillet 1917, chez la famille Derrien)

Bibliothèque municipale de Nantes (ancienne collection André Breton)

Jacques Vaché interprète, à Nantes

(juillet 1917, chez la famille Derrien)

Bibliothèque municipale de Nantes, ms 3455

juillet-octobre 1916

Vaché sert le 60th Divisional Train de l'armée britannique.

octobre-novembre 1916

Vaché sert le 2/13th (Kensington) Battalion, London Regiment.

novembre-décembre 1916

Vaché est au service des Australiens au sein du 34th Battalion de l’Australian Imperial Force.

janvier-septembre 1917

Vaché sert de nouveau auprès des britanniques en étant rattaché au 2/5th Battalion, King's Own Yorkshire Light Infantery.
Durant cette affectation, il participe notamment à la seconde bataille de Bullecourt, début mai 1917.
Une désertion de deux jours, indice d’un comportement de plus en plus rebelle à l’autorité militaire, lui vaut une peine de prison de quelques jours début septembre 1917 puis un changement d’affectation.

septembre-décembre 1917

Vaché passe au service du 2/6th Battalion du West Yorkshire Regiment.

janvier-avril 1918

Vaché reste au service de l'armée britannique mais en étant cette fois attaché à un officier français faisant office d'agent de liaison avec la Fifth Army, puis de nouveau en première ligne à partir de mars.

avril-mai 1918

Vaché passe temporairement au service de l'armée américaine, ainsi que l'atteste l'une de ses lettres à Breton.

mai-juillet 1918

Vaché devient interprète au sein de la 157th Brigade de la 52th Division de l'armée britannique.
Du 26 juin au 27 juillet, il subit une peine de prison pour un motif inconnu, qu'il purge au camp britannique de Boulogne-sur-Mer. 

août-novembre 1918

Fin août, Vaché réintègre l'armée française et est affecté au 14e Escadron du Train des Équipages Militaires. Il occupe la fonction de vaguemestre à la Direction du Service des Routes Militaires dans le secteur postal 178, celui du quartier général de la VIe armée à Château-Thierry. Il est à ce poste lorsqu'il participe à la libération de la Belgique, d'où il écrit sa dernière lettre connue.

En 1915, quelques mois après son arrivée sur le front, le 64e régiment d’infanterie auquel appartient le grenadier Vaché doit participer à la seconde offensive de Champagne décidée par le général Joffre. Le 25 septembre, Vaché s’apprête à monter à l’assaut de la cote 1916 à Tahure, lorsque son sac de grenades explose, le blessant aux jambes. Il est évacué, d’abord à Nevers où il subit une première intervention chirurgicale. Son père obtient qu’il passe sa convalescence à Nantes au sein de l’hôpital temporaire 2bis (103bis à partir de février 1916) de la rue du Boccage, où sa tante Louise Guibal est infirmière. Radiographié lors de son passage par Ancenis, il doit subir une seconde opération, qui a lieu à Nantes le 7 décembre 1915

Jacques Vaché à l'hôpital de Nantes en décembre 1915

Collection particulière.
Les personnes qui posent à ses côtés restent à identifier.

Jacques Vaché à l'hôpital de Nantes, (février-mars 1916)

Probablement à la fin de sa convalescence

Collection particulière.
Les personnes qui posent à ses côtés restent à identifier.

À l'infirmière dévouée

Ce dessin de Vaché est très probablement un portrait de sa tante Louise Guibal, infirmière à l'hôpital temporaire 103bis de la rue du Boccage (le dessin a appartenu à son fils Robert avant que celui-ci n'en fasse don à la Bibliothèque municipale).

Bibliothèque municipale de Nantes, ms 3341

Rue du Boccage, Vaché fait deux rencontres capitales. Il sympathise avec une jeune infirmière, Jeanne Derrien, avec laquelle, après son retour au front, il entretient une correspondance suivie où il raconte son quotidien, par le texte et le dessin.
À Nantes, Vaché se lie également avec deux jeunes infirmiers militaires parisiens, amis de lycée et réunis rue du Boccage : André Breton et Théodore Fraenkel. Alors inconnus, épris de littérature, ils écrivent et Breton publie ses premiers textes, principalement des poèmes. Les récits ultérieurs du fondateur du surréalisme indiquent qu’il rencontre Vaché peu après sa seconde opération, probablement dans le courant du mois de décembre 1915 : les deux jeunes gens échangent alors autour de leurs intérêts communs pour l’art et la littérature, Breton étant alors  sous l'influence littéraire de Rimbaud et en correspondance avec plusieurs aînés, dont Guillaume Apollinaire.

Théodore Fraenkel et André Breton (fumant la pipe) à Nantes, probablement en 1915 

Ancienne collection André Breton

Lettre de Guillaume Apollinaire adressée à André Breton durant son affectation nantaise

On peut raisonnablement formuler l'hypothèse que Vaché a eu entre ses mains certaines des lettres d'Apollinaire adressées à Breton rue du Boccage.

Lire la correspondance Apollinaire-Breton sur Gallica et dans le catalogue Trésors de la bibliothèque André Breton.

Portrait de femme signé Jacques Tristan Hylar, daté du 9 avril 1916

Étant donné sa datation, cette gouache qui a appartenu à Breton lui a probablement été offerte par Vaché à la fin de son séjour nantais.

Collection particulière (ancienne collection André Breton)

Dans La confession dédaigneuse, Breton a rapporté dans le détail sa rencontre avec Vaché et la période nantaise, se trompant toutefois sur la date de cette « collision flamboyante ».

C’est à Nantes, où, au début de 1916, j’étais mobilisé comme interne provisoire au centre de neurologie, que je fis la connaissance de Jacques Vaché. Il se trouvait alors en traitement à l’hôpital de la rue du Boccage pour une blessure au mollet. D’un an plus âgé que moi, c’était un jeune homme aux cheveux roux, très élégant, qui avait suivi les cours de M. Luc-Olivier Merson à l’école des Beaux-Arts. Obligé de garder le lit, il s’occupait à dessiner et peindre des séries de cartes postales pour lesquelles il inventait des légendes singulières. La mode masculine faisait presque tous les frais de son imagination. Il aimait ces figures glabres, ces attitudes hiératiques qu’on observe dans les bars. Chaque matin, il passait bien une heure à disposer une ou deux photographies, des godets, quelques violettes, sur une petite table à dessus de dentelle, à portée de sa main. […] Jacques Vaché, à peine sorti de l’hôpital, s’était fait embaucher comme débardeur et déchargeait le charbon de la Loire. Il passait l’après-midi dans les bouges du port. Le soir, de café en café, de cinéma en cinéma, il dépensait beaucoup plus que de raison,

se créant une atmosphère à la fois dramatique et pleine d’entrain, à coup de mensonges qui ne le gênait guère. Je dois dire qu’il ne partageait pas mes enthousiasmes et que longtemps je suis resté pour lui le « pohète », quelqu’un à qui la leçon de l’époque n’a pas assez profité. Dans les rues de Nantes, il se promenait parfois en uniforme de lieutenant de hussard, d’aviateur, de médecin. Il arrivait qu’en vous croisant il ne semblât pas vous reconnaître et qu’il continuât son chemin sans se retourner. Vaché ne tendait la main pour dire bonjour, ni pour dire au revoir. Il habitait place du Beffroi une jolie chambre, en compagnie d’une jeune femme dont je n’ai jamais su que le prénom : Louise, et que, pour me recevoir, il obligeait à se tenir des heures immobile et silencieuse dans un coin. À cinq heures, elle servait le thé, et, pour tout remerciement, il lui baisait la main. À l’en croire, il n’avait avec elle aucun rapport sexuel et se contentait de dormir près d’elle, dans le même lit. C’était d’ailleurs, assurait-il, toujours ainsi qu’il procédait.

André Breton, La confession dédaigneuse, in Les pas perdus, 1924.

En 1972, Philippe Audoin rapporte une anecdote que lui a racontée Breton sur son séjour nantais. Avec Vaché, ils « avaient décidé de persécuter un peintre nantais très « pompier » et très officiel qui faisait les délices des expositions bourgeoises de l’époque. Ils firent paraître des insertions dans les journaux, disant « que le peintre Untel démentait catégoriquement qu’il était d’origine allemande et que son nom réel était… (suivait un nom allemand) » ». Déjà en 1965, Michel Sanouillet avait rapporté cette anecdote, en y impliquant cependant seulement Breton et Fraenkel. L'implication du trio est la plus vraisemblable et l'article évoqué par Philippe Audoin paraît en effet dans Le Populaire du 4 février 1916 : il vise le symboliste Nantais Edgar Maxence, mais la supercherie, publiée le matin, est dévoilée dans l'édition du soir. Comme on put l'écrire Alain et Odette Virmaux, sans faire directement référence à cet épisode, « avec ses nouveaux amis, […] Vaché recourt spontanément au même langage, aux mêmes facéties que naguère avec ses condisciples nantais […] manière d’adopter les nouveaux venus ».

Vaché, une fois rétabli, fréquente les bars et les cinémas avec Breton : les nouveaux amis se passionnent pour les serials, notamment Les Vampires avec Musidora. L'écho de cet engouement apparaît dans la correspondance ultérieure des deux amis. Dans sa première lettre à Breton, Vaché écrit en effet : « Je fume à coup sûr un peu de « touffiane », cet officier « au service de Sa Majesté » va se transformer en androgyne ailé et danser la danse du vampire ».
Dans ses récits évoquant leur pratique cinématographique, jamais Breton ne mentionne Fraenkel, qui dans ses carnets intimes contemporains, se montre en effet très critique envers le nouveau médium apprécié par ses deux camarades. Encore en 1951 dans son texte Comme dans un bois, Breton raconte
Je m’entendais très spécialement avec Jacques Vaché pour n’apprécier rien tant que l’irruption dans une salle où l’on donnait ce que l’on donnait, où l’on en était n’importe où et d’où nous sortions à la première approche d’ennui – de satiété – pour nous porter précipitamment vers une autre salle où nous nous comportions de même, et ainsi de suite. […] Quelques heures du dimanche suffisaient à épuiser ce qui s’offrait à Nantes : l’important est qu’on sortait de là « chargé » pour quelques jours, sans qu’entre nous il y eût là rien de délibéré, les jugements qualitatifs étaient bannis. Il advenait, toutefois, à certaines bandes « comiques » de fixer notre attention ; c’étaient, comme de 

juste, les Mack Sennet, les premiers « Charlot », certains Picratt. Je me souviens d’avoir mis hors pair à cette époque une Diana la charmeuse […]. Tout ce que nous pouvions accorder de fidélité allait aux films à épisodes déjà si décriés (Les Mystères de New York, Le Masque aux dents blanches, Les Vampires) […]. Nous ne voyions alors dans le cinéma, quel qu’il fût, que substance lyrique exigeant d’être brassée en masse et au hasard. Je crois que ce que nous mettions au plus haut en lui, au point de nous désintéresser de tout le reste, c’était son pouvoir de dépaysement.

André Breton, Comme dans un bois, in L'âge du cinéma, août-novembre 1951.

Lorsqu’en avril, Vaché réintègre le service actif, il poursuit par lettres sa relation avec Breton et Fraenkel. Cette correspondance est échangée irrégulièrement durant le conflit et seulement quatorze missives sont connues : dix à Breton, quatre à Fraenkel et une quinzième adressée en 1918 à un nouvel ami de Breton, Louis Aragon. Dans ses lettres, Vaché laisse libre cours à son esprit de dandy révolté contre l’art et la guerre. La seule autorité devant laquelle il s’incline est celle de Jarry et ses personnages, Ubu et Faustroll.

Dans une lettre à Breton, Vaché parle de Jean Sarment comme étant « son très meilleur ami ». Avec lui, Vaché est au contact du théâtre d'avant-garde : en 1917, Sarment joue au théâtre de l'Odéon - où Vaché lui rend d'ailleurs visite ; en 1918, il participe à la tournée américaine de la troupe du Vieux-Colombier qui, dirigée par Jacques Copeau, compte notamment dans ses rangs Louis Jouvet et Charles Dullin. Via Breton, notamment correspondant de Paul Valéry et de Guillaume Apollinaire, c’est la poésie moderne que Vaché observe : il s’érige en contempteur de ses contemporains : « Êtes-vous sûr qu’Apollinaire vit encore, et que Rimbaud ait existé ? Pour moi je ne crois pas — Je ne vois guère que Jarry (Tout de même, que voulez-vous, tout de même — … — UBU) - II me semble certain que MARIE LAURENCIN vit encore : certains symptômes subsistent qui autorisent ceci — Est-ce bien certain ? — pourtant je crois que je la déteste — oui — voilà, ce soir je la déteste, que voulez-vous ? ». Vaché suit avec attention les publications, sérieuses ou parodiques, de ses amis dans les revues d'avant-garde alors existantes : d'une part les titres parisiens SIC et Nord-Sud ; d'autre part les publications provinciales comme Les trois roses.

Lettre de Vaché à Théodore Fraenkel du 4 juin 1917

Le début de la lettre évoque un canular opéré par Théodore Fraenkel qui parvient à publier un poème contre Pierre-Albert Birot dans sa propre revue SIC, tout en le signant du nom de Jean Cocteau.

Numérisation du fac-similé de l'édition de 1949 chez K Éditeur

Étude en fards majeurs, dessin de Vaché dédicacé à son "ami et sâr" Jean Sarment

Ce dessin atteste la rencontre de Vaché et Sarment au théâtre de l'Odéon lorsque ce dernier y joue en 1917.

Bibliothèque municipale de Nantes, ms 3446/11

Jean Sarment aux États-Unis en tournée avec la troupe de Jacques Copeau

Sarment est le premier à droite, Copeau est à l'extrême gauche, fumant sa pipe.

Collection particulière

Vaché est lui-même investi dans la vie artistique. En décembre 1916, il signe une pétition en faveur de Rodin dans le journal anarchiste Les hommes du jour. Ses correspondances avec sa mère et Jeanne Derrien attestent qu’il a vraisemblablement participé à la réalisation de Parade, ballet réunissant Cocteau, Picasso et Satie, en mai 1917 : il en aurait exécuté, selon ses propres mots, « les maquettes de mise en scène ».  En juin 1917, lors d’une permission du premier, Vaché et Breton se retrouvent au théâtre Renée Maubel pour assister à la première de la pièce de Guillaume Apollinaire, Les Mamelles de Tirésias. Breton a donné deux récits de cet épisode, d'abord dans La confession dédaigneuse, ensuite dans ses Entretiens avec André Parinaud.

C’est au conservatoire Renée Maubel que je retrouvai Jacques Vaché. Le premier acte venait de finir. Un officier anglais menait grand tapage à l’orchestre : ce ne pouvait être que lui. Le scandale de la représentation l’avait prodigieusement excité. Il était entré dans la salle revolver au poing et il parlait de tirer à balles sur le public. À vrai dire le « drame surréaliste » d’Apollinaire ne lui plaisait pas. Il jugeait l’œuvre trop littéraire et blâmait fort le procédé des costumes.

André Breton, La confession dédaigneuse, in Les pas perdus, 1924.

La pièce avait commencé avec un retard de presque deux heures sur l’horaire. Assez décevante par elle-même, elle était en outre médiocrement interprétée et les spectateurs, déjà énervés par 

l’attente, avaient accueilli le premier acte par des clameurs. Une recrudescence de l’agitation en un point précis de l’orchestre ne tarda pas pour moi à s’expliquer : c’était Jacques Vaché qui venait d’entrer, en uniforme d’officier anglais : pour se mettre au diapason, il avait dégainé son revolver et paraissait d’humeur à s’en servir. […]. Jamais comme ce soir-là je n’avais encore mesuré la profondeur du fossé qui allait séparer la nouvelle génération de celle qui la précédait. Vaché, qu’exaspéraient en l’occurrence autant le ton lyrique assez bon marché de la pièce que le ressassage cubiste des décors et costumes, Vaché en posture de défi devant le public à la fois blasé et frelaté de ces sortes de manifestations, fait, à ce moment, figure de révélateur.

André Breton, Entretiens, 1952.

Si ces deux textes forgent le mythe du geste de Vaché le soir du 24 juin 1917, le premier à raconter publiquement l'épisode est Louis Aragon – qui, lors de la représentation, ne connaît pas encore Breton ni Vaché. Il évoque en effet succinctement sur cette anecdote dès mars 1918 dans la revue SIC.
Or, au mois d'août suivant, il reçoit une lettre de Vaché commençant par ses mots : « Cher ami et mystificateur ». Faut-il y voir le démenti du geste que lui a attribué Aragon qui, en mars dans SIC, l’appelait son « légendaire ami » ?

Vaché signataire de la pétition en faveur de Rodin

La Resterie est le nom d'une propriété familiale des Vaché en Touraine. Vaché signe l'une de ses lettres à Jean Sarment « Pierre Jacques Vaché de la Rez ».

Les hommes du jour, n° 455, 16 décembre 1916
Lire le n° du journal sur Gallica

Programme du Ballet Parade

Il s'agit de l'exemplaire ayant appartenu à Vaché, conservé dans ses affaires après sa mort.
Lire le programme, qui comporte notamment l'article de Guillaume Apollinaire « Parade et l'Esprit Nouveau », sur le site de la Library of Congress.

Collection particulière

De leur côté, Breton et Vaché fourmillent d’idées et de projets : la tenue d’une conférence à Paris sur « l’Umour », cette notion définit le dandy comme le « sens […] de l’inutilité théâtrale (et sans joie) de tout » ; l’écriture d’une pièce de théâtre à quatre mains ; la réalisation du premier recueil de poèmes de Breton, que Vaché doit illustrer. Car pendant le conflit, au-delà des croquis illustrant ses lettres, Vaché continue à dessiner, ainsi qu'en témoigne plusieurs pièces qui firent partie de la collection de Breton lui-même.

Obsessions ou Bataille de la Somme et du reste

Vaché adresse ce dessin à Breton en avril 1917 et en donne le titre dans une lettre ultérieure. Breton le publie en 1925 dans La Révolution surréaliste sous le titre Jacques Vaché par lui-même.

Collection particulière (ancienne collection André Breton)

Toth

L'original de ce dessin de Vaché n'a jamais été signalé depuis sa publication dans la première édition des Lettres de guerre. Dans La confession dédaigneuse, Breton indique que Vaché lui offre ce dessin en juin 1917.

(Ancienne collection André Breton)

Ces messieurs

Ce dessin fait partie d'une série qui est peut-être liée au projet de pièce de théâtre à quatre mains de Vaché et Breton. Dans leur exécution, cette série rappelle les dessins du Vaché d'avant-guerre sur le théâtre.

Collection particulière (ancienne collection André Breton)

Après Aragon en mars 1918, c'est au tour de Breton de préparer l’entrée en scène littéraire de son correspondant. Il cite en effet Vaché et sa définition de l’Umour dans une étude sur Apollinaire publiée en octobre 1918, dans la revue L’Éventail.
Lors de l’armistice, Vaché est en Belgique et c’est de Bruxelles qu’il poste sa dernière lettre connue, adressée à Breton, qu’il termine par ces mots : « Êtes-vous à Paris pour quelque temps ? — Je compte y passer d’ici un mois environ, et vous y voir à tout prix. » Tout indique que Vaché se projette dans l'après-guerre. D'ailleurs, la fin du conflit coïncide avec une intensification de sa production illustrée : une dizaine de dessins est connue pour la période allant de septembre à décembre 1918.

L'habit

Dessin de mode dans lequel Vaché décrit dans des notes les matières et couleurs des vêtements qu'il élabore.

Bibliothèque municipale de Nantes, ms 3341

Scène de décapitation

Ce dessin est signé Harry James, dernier pseudonyme connu de Vaché, avec lequel il signe son ultime lettre à Breton.

Collection particulière

Visage de femme

Entre octobre et décembre 1918, Vaché réalise quatre portraits de femme, sans que l'on puisse affirmer qu'il s'agit du même modèle. Ce dessin est également signé Harry James.

Bibliothèque municipale de Nantes, ms 3573

S’il repasse probablement par la capitale française, c’est à Nantes que Vaché se trouve affecté au début janvier 1919 auprès des troupes américaines basées à Saint-Nazaire. Là, il retrouve plusieurs Sârs et camarades de lycée. La nuit du 5 au 6 janvier, après avoir passé la soirée au théâtre de l’Apollo rue Racine, Vaché et ses amis se rejoignent à la chambre retenue par l’un d’eux, Paul Bonnet, à l’hôtel de France, place Graslin. Vaché a apporté de l’opium. La bande essaie de fumer la drogue, mais sans pipe adéquate, décide de l’ingérer. Quelques-uns des fêtards quittent la soirée et le 6 au matin, ils ne sont plus que trois : Bonnet, Vaché et Woynow, un soldat américain,  Dans l’après-midi, celui-ci se réveille, constate le décès de Bonnet et l’état inquiétant de Vaché, qui meurt malgré l’intervention d’un médecin. La presse nantaise se fait durant plusieurs jours l’écho de cette mort tragique, qu'elle présente systématiquement comme un accident.

Les drames de l'Opium (1)

Première partie de l'article sur la mort de Bonnet et Vaché paru dans l'Ouest-Éclair du 7 janvier 1919

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Les drames de l'Opium (2)

Deuxième partie de l'article sur la mort de Bonnet et Vaché paru dans l'Ouest-Eclair du 7 janvier 1919

Le drame de l'Hôtel de France - l'enquête

Article paru dans l'Ouest-Eclair le 9 janvier 1919

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La disparition de Vaché bouleverse Breton qui, le 3 janvier, écrivait à son nouvel ami Philippe Soupault : « Malgré l’affection que je vous porte, Jacques V. reste pour moi le centre de tout. Que cela doit vous paraître étrange ! Je lui écris des choses comme je vous attends pour vivre. » Breton apprend la mort de Vaché plusieurs jours après les faits : le 13 janvier, il lui envoie une lettre-collage qui n’atteindra jamais son destinataire et sera retrouvée dans les années 1980. Breton évoque à plusieurs reprises la perte de son ami comme un « trauma affectif » et son œuvre des années 1919-1924 atteste son obsession pour le disparu. Durant cette période, d'abord marquée par l'épisode Dada à Paris, Breton trouve néanmoins un substitut en la personne de Tristan Tzara, nouvellement installé dans la capitale. Au fil de son œuvre, Breton va fixer la thèse du suicide de son ami, notamment dans La confession dédaigneuse puis dans la notice qu'il lui consacre dans l'Anthologie de l'humour noir.

Jacques Vaché s’est suicidé à Nantes quelques temps après l’armistice. Sa mort eu ceci d’admirable qu’elle peut passer pour accidentelle. Il absorba, je crois, quarante grammes d’opium, bien que, comme on pense, il ne fût pas un fumeur inexpérimenté. En revanche, il est fort possible que ses malheureux compagnons ignoraient l’usage de la drogue et qu’il voulut en disparaissant commettre, à leurs dépens, une dernière fourberie drôle.

André Breton, La confession dédaigneuse, in Les pas perdus, 1924.

Je l’ai échappé, dit Vaché, d’assez peu – à cette dernière retraite. Mais j’objecte à être tué en temps de guerre ». Il se tuera peu après l’armistice. « Au moment de terminer cette étude, écrit M. Marc-Adolphe Guégan dans la Ligne de cœur (janvier 1927), je reçois d’une personne digne de foi une déclaration terrible.

Jacques Vaché aurait dit plusieurs heures avant le drame : « Je mourrai quand je voudrai mourir… mais alors je mourrai avec quelqu’un. Mourir seul, c’est trop ennuyeux… De préférence un de mes amis les meilleurs ». « De telles paroles, ajoute M. Guégan, rendent moins certaine, je le reconnais, l’hypothèse de la maladresse, surtout si l’on se rappelle que Jacques Vaché n’est pas mort seul. Un de ses amis fut victime du même poison, le même soir. Ils paraissaient dormir l’un à côté de l’autre quand on découvrit qu’ils n’existaient plus. Mais admettre que cette double mort dut la conséquence d’un projet sinistre, c’est rendre affreusement responsable une mémoire ». Provoquer la dénonciation de cette « affreuse responsabilité » fut, à coup sûr, la suprême ambition de Jacques Vaché.

André Breton, Jacques Vaché, in Anthologie de l'humour noir, 1940.

Dès juillet 1919, Breton décide de publier les lettres qu’il a reçues de Vaché avec Fraenkel et Aragon, dans leur revue, Littérature. Puis en septembre, Breton réunit cette correspondance en un volume qu’il préface et baptise Lettres de guerre. Il assure ainsi l’entrée de Vaché dans le panthéon littéraire des avant-gardes. En 1921, Aragon publie son roman à clés sur l'histoire de l'avant-garde littéraire contemporaine, Anicet ou le panorama, roman. Vaché, sous son dernier pseudonyme d'Harry James, y occupe une place centrale. Dans une interview à la fin des années 1970, Philippe Soupault a évoqué l'irruption de Dada en réaction à la Première Guerre mondiale en rappelant l'importance de la figure de Vaché :
En mai-juin 1919, avec Philippe Soupault, Breton avait écrit le premier texte surréaliste mettant en pratique l’écriture automatique. L’ouvrage paraît en mai 1920 sous le titre Les champs magnétiques et est significativement dédié à Vaché. Au fil de son œuvre, Breton dresse l’hagiographie de son ami disparu, au sujet duquel il écrit, dans le Manifeste du surréalisme en 1924, cette fameuse phrase : « Vaché est surréaliste en moi ». Breton fait rapidement de l’auteur des Lettres de guerre une figure de référence pour le surréalisme. Les membres du groupe sont nombreux à faire écho à Vaché, sans l’avoir jamais connu, notamment Jacques Baron, Robert Desnos, Michel Leiris, Paul Nougé, Louis Scutenaire, puis après 1945, Claude Tarnaud et Stanislas RodanskiÀ cette période, d’autres mouvements viennent concurrencer le surréalisme dans le camp des avant-gardes, comme le lettrisme ou le situationnisme : Isidore Isou et Gabriel Pomerand d’une part, Guy-Ernest Debord et Raoul Vaneighem d’autre part, renvoient à la figure de Vaché dans leurs œuvres respectives. Au fil de ces appropriations, l’auteur des Lettres de guerre est devenu une figure tutélaire de la contestation. 

Robert Desnos, Un Rit

Dans le médaillon en haut à gauche, Desnos évoque la mort de Vaché en associant la pipe à opium et une carte, symbolisant la thèse formulée par Breton de la "dernière fourberie drôle" du prétendu suicide de son ami.

Huile sur toile, 
Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet

Paul Nougé, J. Vaché

Texte parodique paru dans La Révolution surréaliste (n° 9-10, octobre 1927), détournant un texte de Rémy de Gourmont consacré au tueur en série Joseph Vacher.
Lire le texte intégral sur Gallica (le texte est accompagné de deux dessins alors inédits de Vaché)

Bibliothèque municipale de Nantes, ms 3994 (Ancienne collection André Breton)

Louis Scutenaire, Pêle-mêle

Dans ce collage, Scutenaire insère à droite une esquisse du dessin de Vaché publié par Breton comme sous le titre "Vaché par lui-même" dans La Révolution surréaliste. Ce collage paraît dans le n° spécial surréalisme de la revue Documents en 1934.

Archives et musée de la littérature, Bruxelles.

Stanislas Rodanski, portrait imaginaire de Jacques Vaché

Membre du groupe surréaliste entre 1947 et 1948, Rodanski réalise ce dessin durant son internement à l'hôpital psychiatrique de Villejuif : il associe les deux seuls portraits alors connus de Vaché. L'œuvre littéraire de Rodanski montre son identification à l'auteur des Lettres de guerre.

Archives du Groupe Hospitalier Paul-Guiraud, Villejuif.

Gabriel Pomerand, "Trois suicidés significatifs"

Article du lettriste Gabriel Pomerand paru dans la revue Psyché en juin 1948.

Guy-Ernest Debord, Exercice de la psychogéographie

Publié dans la revue de l'Internationale lettriste (organe des futurs situationnistes) Potlatch, ce texte parodie la fameuse liste établie par Breton des "surréalistes en" dans le premier Manifeste du surréalisme.

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